Umami, c'est nouveau et c'est trop bon !
Lorsque l'on m'a annoncé le nom de ce restaurant ouvert la semaine dernière, Umami, je me suis dis que pour choisir un truc pareil il fallait soit n'avoir peur de rien, soit être particulièrement présomptueux voire limite prétentieux. Et bien hier soir, nous avons retrouvé un René Fieger, rencontré et déjà fort apprécié aux fourneaux du Maria Leczinska à Marienthal, simple, attentionné et enthousiaste. Il nous a littéralement emporté avec son "menu du voyageur". D'ailleurs, toute sa carte n'est que ponts entre Occident et Orient.
Umami, à l'oreille d'un français, n'est pas un nom particulièrement agréable à prononcer et parait franchement élitiste à celui qui n'en connaît pas la signification. M. Fieger, dans l'introduction de sa carte s'empresse de vous donner l'explication : "traduit du japonais, comme quelque chose de savoureux, agréable qui donne la sensation de plénitude et d'équilibre des saveurs".
Bon, ben avec ça, il a intérêt à être à la hauteur !
Qui a connu la winstub "l'ami Fritz", dans la Petite France et dont l'enseigne n'est pas encore descendue, avec sa décoration aux boiseries foncées, limite étouffante, ne reconnaîtrait plus rien. Maintenant les tons sont taupe et beige jusque dans les toilettes, quelques touches de vert et de céladon. Adorable Jessica Fieger, en salle, nous a expliqué : "nous voulions un endroit épuré mais chaleureux, intemporel, hors des modes et des traditions" et je rajouterais "in-localisable" tant on pourrait être à en Angleterre, aux US ou en Afrique du Sud avec une déco pareille.
Mais venons en à l'essentiel, que nous vous racontions ce moment fort agréable ...
L'amuse bouche entame déjà le voyage : boulette de volaille à la sauce aigre douce, avec sa petite touche de piment et de sucre.
Les entrées : - Thon rouge, présenté façon carpaccio, avec sa croûte de sésame très torréfié, au miel, soja, piment, et sa crème glacée au wasabi légère, aérienne et pas très forte. Le ton est donné... - Girolles, copieusement servies avec un pudding de choux fleur et cumin, très fondant et un cumin absent mais il ne manquait pas à la sauce mousseuse et crémée à l'estragon si délicatement présent et son oeuf coulant. Une pure merveille d'association de goûts et d'onctuosité.
Le plat : - Poitrine de poulet "le Bocager", dont la cuisson était parfaite pour ce morceaux charnu, au coeur très moelleux et sa peau ultra croustillante, accompagné d'épeautre au lard et une sauce presque émulsionnée pomme-curry, douce, fraîche car légèrement acide, parfumée mais pas pimentée ... là, le morceau de pain n'y a pas survécu !
Et enfin, les desserts : - Pêche de vigne dans une nage de citronnelle thaï et crème glacée à l'amande amère ; je ne ferai aucun commentaire car c'était très quelconque. Par contre, - la mousse tiède au chocolat "Manjari" servie avec un sorbet au thé vert et à la menthe qui vous replonge vingt ans en arrière au temps ou l'on mâchouillait du Hollywood chewing-gum, accompagnée d'une poire pochée à la fève de tonka, ça c'est sublime ! une association très osée qui fonctionne à merveille tant chaque goût est bien marqué et reste identifiable en bouche.
Les amuse-bouches de dessert : - pâte façon pâte de fruit à l'huile d'olive, très verte, très fraîche, - un dérivé de loukoum à la rose, très présent et très fin - une guimauve au jasmin, très marquée.
Vous l'aurez compris, nous nous sommes régalés et le mot est faible. Les portions sont généreuses. Le tout a été sublimé par l'accord mets et vins proposé par la maison : - Riesling "les dragons", Jossmeyer,03, bien charpenté avec une belle explosion de parfums - Chorey les Beaunes, domaine Maréchal, 04, toute la douceur et la présence d'un bon bourgogne.
La pétillante Mme Fieger nous a accueilli avec chaleur et tout le sens du partage que l'on aime rencontrer dans ce genre d'établissement dont la faible capacité donne encore plus envie d'échanger. C'est sûr, ils feront parler d'eux et nous y retournerons avec grand plaisir. Pensez à réserver !
PS : et oui, nous y sommes retournés une 3e fois (pour la 2e cf le post sur le porc noir de Bigorre)... en décembre 07 et voici ce que je peux ajouter : en amuse bouche une bisque de homard, à l'orange et curry... c'est chaud, long en bouche, léger et mousseux - des St jacques aux agrumes sur un lit de lentilles aux épices, l'assiette est généreuse et le jus au pamplemousse/gingembre réveille bien les lentilles - bananes en crèpes et sauce chocolat, une version revisitée des banana-split dont je n'ai pas rafollée mais j'ai également goûté au moelleux au chocolat servi avec une glace café/gingembre dont l'équilibre des saveurs était fort réussi.
A titre indicatif : à la carte les entrées 16-18€, les plats 20-25€, les desserts 9€, menu du voyageur 35€ et le menu dégustation 55€